Par Michel AYMERICH - Article publié le 24 novembre sur le blog A contre air du temps
Il y a déjà quelques-temps maintenant que j'ai acquis la conviction que le « peuple palestinien » est un peuple inventé de toutes pièces. Hélas, je n'ai pas toujours pensé de la sorte. Victime, parmi tant d'autres (de la gauche à la droite, de l'extrême-gauche à l'extrême-droite) de la croyance infondée dans l'histoire qu'il existerait un « peuple palestinien ». Croyance, dont il faut bien des secousses de différentes natures - émotionnelles et intellectuelles- pour amener à réfléchir sur la « cause palestinienne » et les fondements de ce palestinisme nocif pour la raison et, pis encore, hautement meurtrier ! Un palestinisme qui relève d'une renonciation dogmatique à penser. Pour combien de temps encore ?
La compréhension par à-coups du phénomène musulman m'a permis de comprendre les motifs nécessairement tactiques et donc historiquement conjoncturels de l'invention du « peuple palestinien ». Car en islam, il n'y a d'autres nations que la « nation islamique » (ummat islamiyya) ou la Oumma, laquelle regroupe l'ensemble des musulmans indépendamment de leur nationalité transitoire, de leurs origines ethniques passées ou persistantes et des États par lesquels ils sont gouvernés.
Dans le passé, j'avais été pro-« palestinien» et par conséquent anti-israélien comme Monsieur Jourdain faisait de la prose sans le savoir. « Par ma foi ! il y a plus de quarante ans que je dis de la prose sans que j'en susse rien, et je vous suis le plus obligé du monde de m'avoir appris cela. » [1] pourrait déclamer chaque ex-militant pro-« palestinien» parvenu à la raison.
Je militais, alors, pour une « Palestine laïque et démocratique » devant inclure selon cette utopie parfaitement irréalisable Juifs et Arabes, musulmans et chrétiens, croyants et athées, et des femmes aussi libres qu'elles peuvent l'être en Israël...
Car j'ignorais qu'un musulman ne peut jamais quitter l'islam et que l'apostasie est punie de mort par cette idéologie politico-religieuse prosélyte, expansionniste, impérialiste et totalitaire qu'est la « religion » islamique tant dans ses formes sunnites que chiites.
Je ne connaissais rien du statut historique infamant des Juifs et des chrétiens, lié à la dhimmitude [2] imposée par le conquérant «arabo»-musulman. Quoique concernant les chrétiens, ce statut était quelque-peu « tempéré » par l'existence d’États chrétiens susceptibles parfois de chercher à protéger leurs « frères dans la foi ». Les Juifs, eux, n'avaient pas cette chance d'avoir des États hébreux pouvant penser à les défendre à travers la défense de « l'Hébraïté».
La place d'un énième État musulman (il existe d'ors et déjà 57 pays membres de l'OCI !) affublé de l'étiquette frauduleuse de « Palestinien » [3] pour mieux en faire accepter la création auprès d'une « communauté internationale » complice du mensonge et de millions de citoyens trompés, désinformés, manipulés ne serait nécessairement qu'une étape transitoire sur la voie de l'intégration à l'Oumma. Ce qui ne signifierait, en fait, purement et simplement que l'élargissement géographique de l'Oumma dans sa tendance lourde vers la conquête du monde à un territoire stratégique en vue de neutraliser Israël. Les différents impérialismes « arabo »-musulman, ottoman ou néo-ottoman, islamo-chiite d'Iran étant tout à la fois des instruments au service de cet objectif et leurs représentants détenteurs de pouvoir politico-religieux, des acteurs cyniques se servant de ce devoir islamique pour asseoir leur légitimité et dévier les masses du mécontentement que tout pouvoir d'obédience musulmane ne peut que susciter [4]. L’État juif serait alors en voie de devenir un État dhimmi, avant d'être sérieusement exposé à être détruit d'une manière ou de l'autre. L'Oumma ne pouvant s'arrêter en si « bon chemin ».
Cet Etat « Palestinien » ne serait qu'un énième État « arabo »-musulman à côté de la Jordanie qui n'est déjà rien d'autre qu'un État issu de 78% de la « Palestine mandataire » [5].
L’État de l'auto-détermination hébraïque anéanti, l'avenir des Juifs, mais aussi des chrétiens, des apostats, des athées, des Bahaïs [6], des femmes libres, etc., deviendrait plus que très fortement compromis. Il signifierait à terme plus ou moins rapide la fin de leur existence.
Les Juifs qui accepteraient de rester contre toute logique redeviendraient des Dhimmis sur leur terre comme des siècles durant. Il ne leur serait pas possible ni à eux ni aux autres non-musulmans de critiquer l'islam. Les musulmans eux-mêmes seraient passibles de la condamnation à mort en cas d'apostasie réelle ou supposée, à l'opposé de ceux qui ont aujourd'hui la liberté en Israël de pouvoir quitter l'islam...
Voilà pourquoi tout militant honnête (s'il en reste) de la « cause palestinienne », comme tout citoyen du monde non-musulman, tout apostat et tout athée d'origine musulmane, tout Amazigh, mais aussi tout Juif (croyant ou non) ignorant que le bien fondé de l'existence de l’État juif ne se résume pas à son rôle limité d’État refuge [7] pour les Juifs victimes de l'antisémitisme, se doit de s'informer hors œillères, loin des sentiers battus et rebattus, balisés en boulevards de la bien-pensance conformiste.
Pour ce faire, il leur faut, notamment, lire les articles et les ouvrages de David Belhassen [8], et pour commencer lire l'échange fructueux suivant, publié ci-dessous.
NOTES
[1] http://dicocitations.lemonde.fr/citations/citation-29635.php
[2] Mes articles : Un roman historique de Saïd Sayagh sur fonds de dhimmitude des Juifs au Maroc et Histoires de chiens
[3] Je ne saurais que trop conseiller de lire: Pour en finir avec l'usage du terme "Palestine" !
[4]
Engels notait avec une pertinence remarquable la différence de nature
du rôle de la religion, lors des révoltes populaires en terres
chrétiennes et en terres islamisées : « Déjà au moyen-âge le
parallélisme des deux phénomènes s'impose lors des premiers soulèvements
de paysans opprimés, et notamment, des plébeins des villes. Ces
soulèvements, ainsi, que tous les mouvements des masses au moyen-âge
portèrent nécessairement un masque religieux, apparaissaient comme des
restaurations du christianisme primitif à la suite d'une corruption
envahissante [Note : A ceci les soulèvements du monde mahométan,
notamment en Afrique,forment un singulier contraste. L'Islam est une
religion appropriée aux Orientaux, plus spécialement aux Arabes,
c'est-à-dire, d'une part à des citadins pratiquant le commerce et
l'industrie, d'autre part à des Bédouins nomades. Là réside le germe
d'une collision périodique. Les citadins, devenus opulents et luxueux,
se relâchent dans l'observance de la " Loi " . Les Bédouins pauvres, et,
à cause de leur pauvreté, de mœurs sévères, regardent avec envie et
convoitise ces richesses et ces jouissances. Ils s'unissent sous un
prophète, un Madhi, pour châtier les infidèles, pour rétablir la loi
cérémoniale et la vraie croyance, et pour s'approprier, comme
récompense, les trésors des infidèles. Au bout de cent ans,
naturellement, ils se trouvent exactement au même point que ceux-ci ;
une nouvelle purification est nécessaire ; un nouveau Madhi surgit ; le
jeu recommence. Cela s'est passé de la sorte depuis les guerres de
conquête des Almoravides et des Almohades africains en Espagne jusqu'au
dernier Madhi de Khartoum qui bravait les Anglais si victorieusement. Il
en fut ainsi, ou à peu près, des bouleversements en Perse et en
d'autres contrées mahométanes. Ce sont tous des mouvements, nés de
causes économiques, bien que portant un déguisement religieux. Mais,
alors même qu'ils réussissent, ils laissent intacts les conditions
économiques. Rien, n'est changé, la collision devient périodique. Par
contre, dans les insurrections populaires de l'occident chrétien, le
déguisement religieux ne sert que de drapeau et de masque à des attaques
contre un ordre économique devenu caduc ; finalement cet ordre est
renversé; un nouveau s'élève, il y a progrès, le monde marche.] , mais
derrière l'exaltation religieuse se cachaient régulièrement de très
positifs intérêts mondains. Cela ressortait d'une manière grandiose dans
l'organisation des Taborites de Bohème sous Jean Zizka, de glorieuse
mémoire ; mais ce trait persiste à travers tout le moyen-âge, jusqu'à ce
qu'il disparaît petit à petit, après la guerre des paysans en
Allemagne, pour reparaître chez les ouvriers communistes après 1830. Les
communistes révolutionnaires français, de même que Weitling et ses
adhérents, se réclamèrent du christianisme primitif, bien longtemps
avant que Renan ait dit : " Si vous voulez vous faire une idée des
premières communautés chrétiennes, regardez une section locale de
l'Association internationale des travailleurs. " Source : https://www.marxists.org/francais/marx/94-chris.htm
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