Jérusalem
 est à la Une ces derniers temps ! Elle l'a souvent été, mais il semble 
qu'elle le redevienne plus que jamais après la décision de Trump de 
reconnaître
 Jérusalem comme la Capitale de l'Etat d'Israël. Voir aussi notre article : Jérusalem : le piège mortel d'Israël. 
Pour
 ma part, j'ai quelques réticences à l'égard de Jérusalem et de sa 
"sanctification". Pour comprendre pourquoi, il nous faut tout d'abord 
déblayer
 les élucubrations populaires fantaisistes sur le nom de Jérusalem, et 
analyser son étymologie scientifique.
Jérusalem, entre Mythe et Réalité
On l'adore ou on l'abhorre, on la vénère ou on la maudit, mais on ne peut y rester indifférent. L'ambivalence
moitié-ange moitié-démon de Jérusalem est plus fondée qu'il ne 
paraît de prime abord. Ainsi, et par une incroyable coïncidence dont les
 adeptes de l'étymologie populaire sont friands, la dichotomie 
acoustique 'paix et épée' de la langue française a son
 équivalence en langue hébraïque : Paix[1]
se dit
Shalom, tandis
 que Shilem
englobe l'acception de vindicte, de vendetta, de représailles, de 'faire payer' ou de 'rendre à quelqu'un la monnaie de
 sa pièce' (par le glaive
 ?)[2].
  Nous sommes donc ici en présence d'un large champ sémantique qu'on peut appeler
homonymies contradictoires. Ce qui nous pousse à rechercher l'étymologie véritable et historique de
Jérusalem. 
Sa racine tri-consonantique[3]
 est Sh-L-M.
 Elle transparaît dans la calligraphie hébraïque de son nom ירושלם
, qui se prononce :
Yerushalem
 et qui donnera plus tard Yerushalym,
 qui marque le duel = la ville haute (le Temple et les palais royaux) et la ville basse (habitations du peuple). 
Ce nom est en réalité un mot composé, formé de l'impératif
Yeru et du
 substantif Shalem.
 Sa traduction littérale est : «
Lancez la pierre de fondation à Shalem ». La racine YRH du
 verbe "Yeru" n'a absolument aucun rapport avec la racine du mot 'ir qui
 signifie "cité". Il est donc totalement faux de transcrire "Yerushalem"
 par "Irshalom" ou "Irshalem", et de la traduire
 par "cité de paix". 
Car
Shalem n'évoque pas seulement
Paix et Epée, mais surtout le nom d'une obscure divinité.[4]
 En effet, El (le Dieu suprême du panthéon 
hébraïco-cananéen, une sorte de Zeus chez les Grecs), eut un rapport 
sexuel avec une mortelle et lui enfanta des jumeaux :
Shahar (le croissant lunaire de l'aube) et Shalem (la pleine lune du crépuscule).
[5]
Les 
anciens Hébreux, polythéistes et animistes, affectaient particulièrement
 les noms de ces deux jumeaux mi-dieux, mi-hommes, avec une
 prédilection pour le second ; on le retrouve par exemple dans celui du 
Roi Salomon (Shlomo en hébreu), fils de David ou celui de Salomé (Shlomit), la fille du prince Zerubabel.[6]
 De même, on remarque dans la liste des noms de la généalogie de Jésus, 
selon Matthieu et selon Luc, un certain Shalmon (en français Salmon), 
nom tiré de la même racine tri-consonantique. C'est dire sa popularité.
A partir de l'hébreu, les autres langues, proches ou éloignées, ont conservé cette structure de mot composé :
اورشليم
Ûrshalîm,
en arabe,
Gerusalemme en italien ou Hiérosolyma
 en vieux français.[7]
 La cité a été également désignée par des surnoms comme 'ir haqodesh «
la ville de sainteté » ou Sion « site désigné », mais ces dernières appellations sont moins en usage et le nom hébreu originel
Yerushalem[8],
 et ses variantes en langues étrangères, ont été partout privilégiés. 
Pourtant,
 et aussi interpellant que soit l'étymologie de Jérusalem, son Histoire 
est encore plus énigmatique. Elle désarçonne parfois tous ceux qui 
s'intéressent
 à son passé. 
« Ville centre du monde … Celui qui n'a pas vu Jérusalem n'a de sa vie jamais joui de la vue d'un site si admirable ». 
C'est ainsi que le Talmud[9]
 la présente. Pour l'écrivain israélien Amos Oz par contre
« Jérusalem est une vieille nymphomane… une veuve noire qui dévore ses partenaires au moment même où ils la pénètrent
».[10]
Antonin Carselva surenchérit avec sa sentence lugubre :
« Jérusalem est sans doute le symbole le plus éclatant de l'échec de l'humanité… l'illusion grotesque d'un 'nombril' du monde »[11].
Bien 
avant eux, Jésus-Yéshoua un obscur hébreu galiléen avait déjà émis des 
doutes sur la 'sainteté' de Jérusalem, en renvoyant encenseurs et 
détracteurs dos-à-dos. 
 Lors de sa fameuse rencontre avec la Samaritaine, autour du 'Puits de 
Jacob' en contrebas du Mont Grizim, il affirma que
« l'heure viendra où ce ne sera ni sur ce Mont et ni à Jérusalem que vous adorerez Le Père…! ».[12]
Jérusalem était-elle
donc pour lui une «
Pierre d'achoppement et de discorde » entre les hommes plutôt qu'une «
Maison de Paix » ? Cette cité symbolisait-elle bien pour les contemporains de Jésus «
Le site prédestiné de Yahweh, l'Eternel Roi des Cieux, pour concrétiser sur terre sa
Shkhinah - Sa présence immanente » ?
[13]  
Ou 
aurait-elle été choisie - de la manière la plus prosaïquement 
politicienne qui soit -, par le Roi David et sa cour afin 
d'imposer l'unification
 et l'intégration des tribus hébreux dans l'Etat unifié de l'Alliance 
politico-militaire "YshraEl" (Israël) ?  Mais alors, pourquoi et comment
 Jérusalem a t-elle supplanté Hébron ou Sichem, respectivement les deux 
anciennes "capitales" du Royaume judéen du
 Sud et du Royaume samaritain du nord ?
Quant à son autel dans le Sanctuaire dédié à Yahweh, quel sang a t-i répandu davantage ? Celui
des victimes animales expiatoires ou celui de victimes humaines innocentes ? 
Se pourrait-il que «
Le Sanctuaire de Dieu » soit « L'Antre de Satan » ?
Toutes
 ces sentences qui résonnent comme des clichés, vont pourtant comme un 
gant à Jérusalem. L'antinomie, jusqu'au mauvais jeu de mots
 du titre de cet ouvrage, est inhérente à toute approche la concernant. 
Etrange destinée de cet éperon rocheux et aride, juché sur une colline 
du fin fond de la Judée et qui aurait dû être ignoré pour continuer à 
somnoler sous son soleil de plomb !
Depuis 3000 ans, ce lieu n'a cessé d'attiser haines et convoitises,
avec
 ses scandales, ses tumultes et ses crimes. Il demeure jusqu'aujourd'hui
 le mythe ultime, l'enjeu qui focalise tous les fantasmes monothéistes. 
Il suffit
 qu'un illuminé judaïque, ou un 'allumé' évangélique chrétien, voire un 
provocateur fanatique islamiste, fasse sauter la 'Mosquée du Dome' - 
érigée expressément sur l'ancien sanctuaire de Yahweh lors de la 
conquête arabo-musulmane du VIIème siècle
 après J.-C. dans l'intention d'humilier et de supplanter le judaïsme et
 le christianisme, les deux religions précédentes -, pour que 
l'Apocalypse se déchaine et nous précipite dans son gouffre de soufre et
 d'uranium enrichi.
La 
Troisième Guerre Mondiale - après laquelle l'humanité ne se remettra 
plus jamais -, ne sera pas provoquée par un conflit interplanétaire
 entre les grandes puissances. Ni les ogives nucléaires d'Etats voyous 
comme la Corée du Nord, le Pakistan ou l'Iran, ni la famine qui sévit en
 Afrique, ni l'émigration massive avec ses déplacements de populations 
qui submergent l'Europe, et même pas le réchauffement
 climatique qui fait trembler dans les chaumières écologiques, ne sont à
 même d'engendrer 'l'Apocalypse'. 
Loin 
de toutes ces contingences politiques, militaires, économiques ou 
sociales, le doigt qui appuiera le bouton rouge de la déflagration
 globale est religieux. Il porte un nom : Jérusalem.
Cette ville dont le nom, selon son étymologie hébraïque, peut à la rigueur avoir une connotation élargie de
«
Faisons la paix »,
 représente paradoxalement et à elle seule le plus grand danger de guerre qui menace le genre humain. 
Une 
guerre qui mettra aux prises d'une part un milliard de musulmans, et de 
l'autre un autre milliard de chrétiens. La totalité de la
 confrontation entre ces deux théologies, y compris celle de leurs 
alliés, satellites ou mentors (principalement les judaïques qui se 
trouveront dans les deux camps), nous fera appréhender les Croisades du Xème au XIIème siècle après J.-C.,
 comme des jeux d'enfants et des empoignades inoffensives.  
Et
 pourtant, il faudra bien un jour raser ces mosquées, symbole insultant 
de la conquête brutale et l'occupation violente de Jérusalem par les 
hordes arabo-musulmanes
 !  
Y-aurait-il alors une "porte étroite" qui permette de démanteler le dispositif du détonateur, et neutraliser
le système J comme Jérusalem, qui risque de nous tomber sur la tête ?
Nous le verrons dans un second volet consacré à Jérusalem.
David Belhassen
David Belhassen
[2]
 Comme dans le verset : «
A moi la vindicte et les représailles au jour où leur pied fléchira ».
 Deutéronome 35, 32. 
[5]
 Une louange au Dieu El et à ses jumeaux a été retrouvée lors de fouilles archéologiques sur le site d'Ougarit.
 
[8]
 La prononciation Yerushalaïm est tardive. Sa transcription avec le
aïm de la dualité n'apparaît que quatre fois dans la Bible et près de 700 fois dans la forme Yerushalem
. 


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