Au
printemps 1917, la communauté israélite de Tel-Aviv Jaffa fut
spoliée, expulsée, chassée, et déportée suite à l'ordre des
"Autorités ottomanes" : près de 8 000 habitants, hommes,
femmes, enfants, vieillards ! Et cela sous l'œil goguenard des
arabophones de Jaffa qui abreuvèrent les déportés de jurons et de
crachats, lors de leur "exode".
Des
rapports de la SDN* firent état d'intentions ottomanes de planifier
l'extermination des Israélites, selon le même protocole qui servit
au génocide des Arméniens : la faim, les marches forcées,
l'épuisement jusqu'à la mort, les sévices, et les tortures.
Dans
son agenda, Mordekhaï Ben-Hillel Hacohen relata en détail, cet
ordre d'expulsion de Jamal Pacha, le gouverneur ottoman : "Durant
la nuit du 30 mars, on a entendu le bruit des bottes sur les pavés…
Nous craignons qu'ils ne nous fassent périr comme les Arméniens".
Dans
son journal, Aharon Aharonson écrivit : "Reuters
rapporte ce soir, mot pour mot, mon mémorandum sur l'expulsion ! Une
semaine auparavant, trois cents de nos compatriotes avaient été
expulsés de Jérusalem. Jamal Pacha a alors déclaré que leur
destin serait celui des Arméniens. Il ne fut pas permis aux huit
mille déportés de prendre des provisions et après l'expulsion,
leurs maisons ont été pillées par des foules de bédouins ; deux
Juifs yéménites qui ont essayé de s'opposer au pillage ont été
pendus à l'entrée de Tel Aviv afin que tous puissent les voir et
d'autres Juifs ont été trouvés morts dans les dunes entourant Tel
Aviv… Pas une trace ni une âme ne resteront, et ensuite les Juifs
n’auront plus aucune excuse de s'abstenir de mener une guerre
totale contre les Turcs !"
Parmi les milliers d'expulsés se trouvait aussi l'écrivain-ouvrier agricole Yossef Haim Brenner qui fut plus tard assassiné dans un verger :
"Beaucoup
réussirent à fuir et se dispersèrent à Tibériade, Safed, Kfar
Saba, Petah Tikva, Zikhron Ya'akov, Jérusalem. Environ 2500 d'entre
eux, principalement des pauvres, ont erré jusqu’aux moshavim
(coopératives agricoles) en Galilée. Ils ont dû lutter contre le
climat, la faim, et le typhus. Ils ont survécu les premiers mois,
mais pendant l’hiver 1917-18, des centaines sont morts de froid, de
maladie et de faim. La plupart des morts ont été enterrés à la
hâte, dans des tombes anonymes, dans tout le pays."
De
son côté, Jamal Pacha déclara* que c'était pour "punir
les Juifs qui ont exprimé leur joie à l'approche des troupes
britanniques. Mais leur joie sera de courte durée et je leur ferai
subir le sort des Arméniens... Je suis trop rusé… Je
préfère les décimer en les faisant mourir de faim et de soif, ou
des épidémies… D'ailleurs, celles-ci ne sont que des fléaux
envoyés par Allah".
Jamal Pacha le "saigneur" |
* Les rapports cités et les citations de Jamal Pacha proviennent du Musée des Archives sionistes de Jérusalem, les autres citations proviennent des écrits de Aharon
Aharonson sur le sujet (également conservés dans ces archives).
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