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Golan : l'occasion manquée d'Israël

Depuis plusieurs semaines, des pourparlers semblent s'être mis en place entre Israël et la Russie pour convenir d'un retrait de l'Iran du territoire syrien et des moyens de le faire. La Russie semble avoir admis l'éventualité devant la détermination politique et militaire d'Israël, elle y serait même favorable puisque l'implantation de l'Iran en Syrie n'est pas tout à fait dans ses intérêts.

Selon le journal Haaretz, lors des entretiens entre le ministre de la défense israélien Avigdor Liberman et son homologue russe, a été évoquée la possibilité d'une reconnaissance tacite de la part d'Israël du retour des forces syriennes le long de la frontière avec Israël, c'est-à-dire dans la partie du Golan qui reste encore sous contrôle syrien, du moins qui l'était avant que des groupes radicaux sunnites, comme Daesh ou l'une des multiples branches d'Al Qaida qui changent de nom tous les ans, ne lui contestent le terrain.

On se souvient qu'Israël a souffert depuis quelques années, à plusieurs reprises, de tirs prétendument perdus qui retombaient dans le Golan israélien, suite à des affrontements entre l'armée d'Assad et divers groupes sunnites. L'intervention humanitaire d'Israël a même été mise en cause par les Druzes du Golan israélien qui ont accusé l'Etat de soigner des terroristes en prenant en charge des milliers de blessés du côté syrien de la frontière pour les soigner en Israël dans des hôpitaux de campagne militaires installés pour l'occasion. La situation a parfois dégénéré avec des attaques de Druzes contre des blessés syriens qu'ils considéraient comme les bourreaux de leurs frères druzes côté syrien, qui subissaient les tirs de Jabat Al Nosra ou autres groupes. La question d'une prise de position d'Israël favorable aux groupes sunnites a toutefois battue en retraite lorsque Tsahal a montré sa détermination à défendre les Druzes syriens d'un massacre prévu si les groupes sunnites radicaux réussissaient à prendre les villages druzes proches de la frontière, notamment au début de l'été 2017. Israël, qui s'est fixé comme ligne de ne pas intervenir directement dans la guerre dite civile en Syrie, s'est néanmoins réservé le droit d'empêcher un massacre le long de sa frontière et par la même occasion d'empêcher l'installation de forces sunnites djihadistes. On ne connaît pas les détails de ce qui a pu se passer (aide logistique israélienne, aide en matière de renseignement, intervention secrète de commandos ?), toujours est-il que la menace djihadiste directe s'est effacée avec la reprise partielle du pays par les forces d'Assad, appuyées par les Russes, mais aussi par les forces fidèles à l'Iran, ce qui a entraîné d'autres problèmes à Israël, qui a dû là encore intervenir directement contre les transferts d'armes puis contre l'implantation iranienne.

Il est donc à présent question que les forces d'Assad reprennent de plein fouet le contrôle de cette région. C'est ce qui se négocierait avec les Russes, à condition on l'espère, qu'Assad ne tire pas sur Israël. (Le journaliste Uzi Arad révèle également dans Haaretz un plan de 2009 proposé par Netanyahou et refusé intégralement par la Syrie, dans lequel la Syrie aurait accepté officiellement la souveraineté israélienne sur le Golan en échange d'arrangements avec la Jordanie et l'Arabie saoudite ; mais quoiqu'il en soit, ce plan ne comprenait pas la partie restée syrienne du Golan).
La protection militaire des Druzes de Syrie le long de la frontière par Israël n'est donc plus d'actualité. Ce serait de l'histoire ancienne. Ces Druzes, restés fidèles à Assad, retrouveraient leur ancien maître. Et par la même occasion les Druzes d'Israël, eux aussi restés fidèles à Assad - bien que leur fidélité ait commencé à vaciller lorsque tous pensaient qu'Assad allait tomber - recouvriraient eux aussi leurs anciennes habitudes d'hostilité passive à Israël (ils ne font pas de démarche pour prendre la nationalité israélienne alors qu'ils en ont le droit, ne font pas l'armée, ne participent pas directement à la vie civile et politique du pays, contrairement à d'autres Druzes dans le pays qui sont eux de fiers Israéliens patriotes, le plus souvent proches de la droite israélienne) et de fidélité symbolique à Assad.
Tout redeviendrait donc comme avant.

De quoi donc réjouir les partisans de l'ancien régime, de l'ancienne situation géopolitique, les partisans de l'immobilisme étatique et géopolitique en dépit de l'histoire et de la liberté des populations et des peuples.

Il nous faut dire quant à nous, ô combien ce fut une occasion manquée.
Une occasion manquée pour Israël essentiellement.
L'occasion manquée d'intervenir réellement, militairement et politiquement dans la partie restée syrienne du Golan avec deux objectifs, voire trois : protéger manu militari les Druzes syriens d'un massacre éventuel futur par d'autres groupes sunnites djihadistes qui feraient leur retour, s'assurer un contrôle sur l'ensemble du Golan et disposer ainsi d'un recul plus large pour assurer sa défense contre l'Iran, la Syrie ou autres groupes, mais surtout libérer des territoires qui restent exclus du monde libre, sous contrôle d'une dictature sanguinaire fantoche qui contrôle un territoire bien plus large que ce qui pourrait être légitime historiquement parlant, et ainsi pour Israël reconquérir les territoires historiquement hébreux de l'ensemble du Golan et de l'extrême sud de la Syrie (voir sur ce point notre carte et nos explications sur le site du Mouvement hébreu de libération).

Ainsi la revendication territoriale du Mouvement hébreu qui paraît si utopique a certains, aurait été tellement réaliste. Tellement à notre portée. Tellement juste. Tellement contributrice d'une libération, de la création d'un territoire libre, de sa libération de régimes tyranniques. Tellement libératrice pour les populations qui y vivent, qui auraient pu, qui plus est, retrouver leurs frères druzes et mettre fin à la division artificielle qui les place d'un côté et de l'autre d'une frontière tout aussi artificielle. 

Israël a manqué cette occasion.

Nous n'ignorons bien évidemment pas les condamnations internationales qui s'en seraient suivies et les campagnes anti-israéliennes qui auraient eu lieu. Mais elles se seraient toutes étouffées devant la réalité, devant les bienfaits et la liberté apportée par Israël par opposition au massacre prévu des groupes sunnites ou au régime tyrannique d'Assad. Israël avait l'occasion de lancer une opération "Paix sur le Golan" visant dans un premier temps à sécuriser entièrement militairement les villages druzes et repousser les groupes djihadistes, et dans un deuxième temps intégrer tous les Druzes du Golan sous une seule souveraineté qui leur eut donné la liberté, la citoyenneté, la sécurité et l'ouverture vers un nouveau monde.

Il ne manquait qu'un peu, peut-être beaucoup, de courage politique.
Il n'est malheureusement jamais venu.

Cette occasion semble donc à présent se refermer et il sera plus difficile à présent de la réaliser.
Plus difficile militairement, politiquement et idéologiquement car tout est à refaire.

Elle n'en reste pas moins plus juste et nous la défendons au sein du Mouvement hébreu de libération.


Méïr Ronen - 7/6/2018
Le blog des Hébreux

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