Chronique de Michaël Bar Zvi du 19 octobre 2017
La date choisie pour le lancement de
missiles SA5 contre des avions israéliens en vol de reconnaissance
au-dessus de la Syrie n’est pas le fruit du hasard. En effet le même
jour, le lundi 16 octobre le ministre de la défense russe Sergei Shoigu
arrivait en visite en Israël pour y rencontrer le ministre israélien de
la défense Avigdor Liebermann et des membres de l’état-major de Tsahal,
afin de renforcer la coordination établie depuis plusieurs mois entre
Moscou et Jérusalem sur les problèmes liés à la guerre en Syrie.
L’objectif des Syriens, et derrière eux des Iraniens et du Hezbollah est
de montrer qu’ils ne sont pas entièrement dépendants de la Russie, et
en particulier sur tout ce qui concerne la guerre contre Israël. Les
Russes n’ont pas été prévenus de ce lancement et n’ont pas du tout
apprécié ce geste, d’autant que les Syriens n’avaient pas utilisé ce
type de missiles depuis mars dernier. Mais l’autre raison de cette
attaque est sans aucun doute le changement de stratégie de
l’administration Trump à l’égard de l’accord sur le nucléaire. Téhéran
essaie de mettre les Etats-Unis à l’épreuve. Malgré la volonté de Trump
de rejeter l’accord, son abrogation pure et simple paraît improbable car
elle nécessite l’agrément des Européens, de la Chine et de la Russie.
Trump peut imposer des sanctions au niveau américain, refuser de
collaborer à la reprise des activités économiques, mais ne peut empêcher
les autres Etats de collaborer.
Pourtant le président américain ne
semble pas vraiment réagir lorsque l’Iran étend son action de soutien
aux mouvements terroristes au Proche-Orient. Les livraisons d’armes au
Hezbollah se poursuivent et s’intensifient. Par ailleurs le énième
accord de réconciliation signé entre le Hamas et l’Autorité
palestinienne s’est fait avec le soutien actif des Iraniens de plus en
plus présents dans la bande de Gaza. La stratégie de Téhéran est de
créer un front terroriste coordonné avec le Hezbollah au nord, le Hamas
au sud et une "Autorité palestinienne" noyautée par sa branche islamiste.
Avant-hier le chef d’état-major iranien, Mohammad Bangeri a rendu une
visite surprise à Damas pour marquer la présence de Téhéran sur le
terrain et renforcer le soutien militaire de son pays à Bachar el Assad.
Trump avait pointé du doigt, lors de sa visite au Proche-Orient, le
rôle de l’Iran dans le développement du terrorisme et la lutte contre
les pays musulmans modérés, mais force est de constater que ses propos
n’ont pas été suivis d’action sur le terrain et que l’influence de
Téhéran se fait sentir de plus en plus au fil des semaines. Les Iraniens
savent que l’accord sur le nucléaire ne sera pas remis totalement en
cause, et qu’ils bénéficient dans certains pays européens, intéressés à
reprendre leurs échanges commerciaux, d’un capital de sympathie.
Personne ne s’intéresse à la poussée iranienne au Liban, en Syrie, au
Yemen, dans le Golfe persique, ou dans la bande de Gaza, car l’occident
croit dur comme fer au mythe historique d’un islam chiite plus modéré et
conciliant que l’islam sunnite. Pourtant c’est à Khomeiny que nous
devons le grand retour d’un islam fondamentaliste, qui a toujours existé
mais était un peu en sommeil. La création d’une république islamique a
relancé les ardeurs des Frères musulmans et autres confréries
intégristes, qui se sont engagés depuis le début des années 80 dans une
concurrence sanglante au djihadisme. Il ne s’agit pas seulement d’ouvrir
les yeux mais surtout que cet aveuglement ne transforme pas l’occident
en complice de ce nouveau totalitarisme.
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